Le 18ème siècle : Les débuts Depuis le 18ème siècle, date des premières productions, la notoriété de la porcelaine de Limoges s'est développée au point que le nom de la ville évoque instantanément l'art de la porcelaine. C'est en 1768 que l'on trouva des gisements exploitables en France, à Saint-Yrieix-La-Perche, localité voisine de Limoges.
C’est à partir de cette découverte que naquit et se développa la porcelaine de Limoges. Sous les auspices de Turgot, alors intendant du Limousin, qui y vit une source de richesse pour sa région, la première manufacture fut créée en 1771, puis protégée par le Comte d’'Artois à partir de 1774.
La production reprend les décors couramment utilisés pour les objets en porcelaine tendre au cours des années précédentes, à savoir des motifs de fleurs en jeté de petits bouquets. Le filet doré en dentelle d’or est souvent utilisé et fréquemment doublé d’un filet bleu uni. Les formes produites sont simples et peu nombreuses. Après le rachat de la manufacture de Limoges en 1784 par la manufacture royale de Sèvres, les formes et les décors devinrent plus recherchés et raffinés.
|
Entre 1771 et 1774, seuls les biscuits semblent avoir porté une marque. A partir de 1774, l'entreprise placée sous la protection du comte d’Artois, utilisa systématiquement les initiales du prince, CD, marque qui fut conservée jusqu’à sa fermeture en 1796. Au cours de la fabrication, les objets étaient marqués en creux, et après la pose du décor ils recevaient la marque en couleur, le plus souvent rouge, mais parfois bleu.
|
Cendrier en porcelaine de Limoges. |
La porcelaine de Limoges au 19ème siècle La première moitié de la production du 19ème siècle: les fondateurs de la porcelaine Après la Révolution française, la production reprit et les manufactures se multiplièrent en Haute-Vienne. En 1827, il existait déjà seize manufactures, et en 1850, elles étaient plus de trente. Leur histoire est très complexe car, non seulement leur nombre est très important, mais elles se créèrent et déclinèrent au gré des crises politiques et économiques. Quelques manufactures de renom marquèrent cette période, notamment celles de Baignol, Pierre Tharaud, François Alluaud et du comte de Bonneval. A partir de 1830 la production, tout en continuant à produire beaucoup de vaisselle de table, se dirigea vers l’art décoratif sous l'influence d'artistes parisiens, tels que les bronziers Aaron et Valin.
La seconde moitié du 19ème siècle: l'âge d'or de la porcelaine de Limoges Les expositions universelles furent un facteur d’émulation et de développement pour les manufactures. C'est pourquoi à partir de 1851 elles marquèrent leur production afin d’être reconnues par les milliers de visiteurs qui se rendaient à ces expositions. La maîtrise et le savoir-faire technique des manufactures étaient incontestables. C'est l'époque où les entreprises s’attachèrent à développer la notion de Blancs de Limoges, afin de vanter à la fois la qualité des kaolins et la perfection des techniques de fabrication. Les pièces présentées sont en effet remarquables par leur forme parfaite et leur blancheur. La manufacture la plus représentative est sans aucun doute celle de Pouyat. Le chef-d’œuvre de sa production, le service grain de riz, présenté à l’Exposition universelle de 1878, fut réalisé d’après un modèle du célèbre artiste parisien Albert Dammouse. La technique employée est celle des jours cloisonnés qui consiste à évider la porcelaine et à remplir les trous ainsi formés avec de l’émail translucide.
Le dernier quart du siècle fut dominé par la manufacture Haviland. Félix Bracquemond, directeur artistique d’un atelier de recherche ouvert par C.E. Haviland dans le quartier d’Auteuil à Paris, introduisit à Limoges des décors inspirés par le japonisme. Grâce à ses bureaux américains, Haviland ouvrit le marché outre-Atlantique à l’ensemble des porcelainiers de Limoges. Outre les blancs devenus fameux, Limoges développa la technique du grand feu qui permettait d’obtenir des coloris élégants et subtils.
La porcelaine de Limoges au 20ème siècle La première partie du 20ème siècle est marquée par l’émergence de deux styles: l’Art nouveau et l’Art Déco. Ceux-ci influencèrent alors la production des porcelainiers qui collaborèrent étroitement avec des artistes de renom. C’est grâce à l’entreprise GDA que l’art nouveau fut introduit dans la porcelaine de Limoges. Samuel Bing initiateur de ce courant, avait remarqué l’entreprise à l'occasion de l’Exposition universelle de Chicago en 1892, et il lui demanda d’éditer les modèles en porcelaine que lui proposaient les artistes Edward Colonna, Georges De Feure et Paul Jouve.
La porcelaine de Limoges réaffirma sa notoriété en 1925 lors de la fameuse Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, tenue à Paris. Elle donna son nom au style qui s’épanouit dans les années 1925 : l’Art Déco. De nombreuses manufactures firent alors appel à des artistes de renom parmi lesquels Lalique, Dufy et Sandoz. Plusieurs des services présentés proposaient des formes architecturées, proches du cubisme.
La deuxième moitié du 20ème siècle La seconde guerre mondiale porta un coup rude à la porcelaine de Limoges. Les porcelainiers décidèrent alors de renouveler la production. Ils firent donc appel à des designers qui créèrent des formes aussi originales qu’adaptées aux exigences pratiques. Ainsi Raymond Loewy proposa-t-il un service pour Air France en 1976. Depuis les débuts de la production et jusqu’à nos jours les formes et les décors des porcelaines évoluent en même temps que les styles artistiques. On peut certainement assurer que la vitalité des porcelainiers au cours de leur histoire a reposé sur cette stimulation entre les artistes et les fabricants.
|